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Le Regard et le Geste

... L’œuvre de Catherine Archambeaud est nourrie de l'intense activité de son regard que l'énergie de sa main veut retrouver. D'où ces étonnants allers-retours entre mobilité et immobilité, entre fougue et apaisement. Du coup la traversée de l'atelier ou celle de l'exposition, ne connaît jamais l'ennui d'une déclinaison d’œuvres semblables...

Dans les “Écritures” le geste a la parole et ne se prive pas d'en jouir comme s'il voulait en découdre avec le bruissement des langues et la complexité infinie des traces écrites. Ce qui nous est adressé par les toiles ressemble à des messages uniques et chaleureux.

Dans les “Croquis”, ce sont les lignes fluides du pinceau qui racontent une histoire de la nudité. Tantôt les corps sont couchés, lovés sur des tissus, tantôt ils sont debout, enveloppés dans des vêtements qui ne sont pas là pour les habiller mais pour affermir l'intimité des modèles. Les reliefs tendres des nattes, des tapis ou des robes vivement colorés ne sont pas des matières ajoutées au hasard, elles ont la même intensité érotique que les formes dénudées, elles parlent la même langue à la fois caressante et fougueuse que les fesses, les seins, les hanches, les dos, les bras ou les épaules, tous dessinés par un pinceau inlassable et quasi-amoureux...

“ C'est en prêtant son corps au monde que le peintre change le monde en peinture.* ” Ce que le regard de Catherine Archambeaud retient du monde et ce qu'elle donne à voir dans ses toiles et ses dessins ont une présence physique intense. L'artiste prend le monde à bras-le-corps et cette énergie gourmande rejaillit dans chaque ligne tracée, dans chaque choix de couleur. Entre elle et le monde, ce qui ne cesse de se raconter c'est une histoire d'amour faite de splendeurs, de passions, de conflits, d'émotions, d'étonnements et d'éblouissements. Mais n'est-ce pas là ce qui se vit dans toute histoire d'amour véritable ?

Catherine Archambeaud travaille en musique et sous le regard des maîtres qu'elle vénère : Henri Matisse, Richard Diebenkorn, Sean Scully... pour ne citer que quelques noms. De son atelier, situé en pleine campagne bretonne, on voit passer corneilles, lézards, renards ou chevreuils. Une ligne d'arbres signe l'horizon au bout des champs. Les ciels sont tour à tour vigoureux et limpides. La mer est à peine plus loin, et c'est aussi à ses mouvements incessants tantôt houleux, tantôt apaisés, que Catherine Archambeaud puise les énergies qui lui sont nécessaires. C'est ainsi environnée qu'elle crée, jour après jour, une œuvre faite de forces qui se croisent et s'enrichissent avec toujours plus de bonheur, comme pour mieux nous désigner la vie elle-même et à la fois son double peint ou dessiné.

*Maurice Merleau-Ponty, L’œil et l'esprit. Ed. Gallimard. Paris. 1964.

Pierre Abgrall

Juillet 2012

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