Catherine Archambeaud
L’histoire d’un artiste est un continuum de choix et de nouveaux départs. Les outils, les matériaux sont là pour suivre ses gestes, les accompagner. Il y a les outils de toujours et qui épousent le temps de création : temps long du pinceau et de la peinture à l’huile, temps bref du trait de crayon sur un carnet de croquis. L’artiste d’aujourd’hui s’offre un nouveau support, un nouvel outil : la tablette numérique qui fait entrer l’artiste dans un beau labyrinthe de libertés graphiques et d’expériences colorées jusqu’alors inconnues...
Le dessin des corps est très proche des suites de signes graphiques que fait surgir Catherine Archambeaud sur sa tablette. C'est une énergie identique, un langage semblable. Ici la grammaire est anatomique et cinétique. Comme si les corps parlaient une langue qu'on lirait clairement si un doigt faisait défiler rapidement les pages d'un carnet. La vitesse de passage des images raconterait l'histoire infinie des positions des corps en mouvement, vêtus, dévêtus. Suite d'instants qui dessinent les vertiges d'une langue vivante qui s'écrit. Dessins toujours plus proches de la vivacité de l'instantané que de la passivité de l'équilibre définitif.
A la fin de sa vie, Henri Matisse découpait des papiers colorés avec une paire de ciseaux, « à vif dans la couleur » disait-il, et cela lui rappelait la taille des sculptures. S’il y a bien, à toutes les époques de l’art, une diversité d’outils, ce qui demeure c’est toujours l’acte de création.
Pierre Abgrall
Mars 2019